Dodeline entre mes cils
Ma petite Ballerine
Tisse la soie de mes fils
En-corolle ma pupille
Perle, perle entre mes cils
Ma petite Ballerine
Egratigne mon sourire
De tes voiles en mousseline
Arabesque entre mes cils
Ma petite Ballerine
Eclabousse de tes rires
Mon vieux coffret à musique.
Deux lèvres de carmin, au frais matin d'hiver,
Coulent leur encre vive au creux des nues fumeuses.
La botte un peu crispée sur le pavé en pierre,
Elle ourle à pas menus les vapeurs écumeuses.
Passy s'éveille, en un bouquet de roses mauves
Au coeur de crème et de giroflées capiteuses,
Des fruits d'ambre se prélassent sous les alcôves
Infusant de clarté la croisée nébuleuse.
Parfum de beurre fondu, elle ouvre la boutique,
Noue son tablier blanc, contrefait un sourire,
Son regard se craquelle en une mosaïque
De petits pains brûlés par de cuisants désirs.
Partir. Loin. Quitter Paris, ossature de fer
Débâcle d'artères viciant le ventre mou de
Paris, quitter, toi, pardi ! Toi et la cafetière
Qui fuit, et flaner dans un camaïeu de bleu.
C'est un petit chemin creusé dans la colline
Qui traîne ses cailloux entre les oliviers
La caresse du vent y grise ma narine
D'un parfum de terre cuite et de soleil brûlé
Dans les écorces brunes les cigales crépitent
En un magma vibrant de terroir alangui
L'azur serein s'égrène, le crépuscule palpite
En mèches de lumière entre mes cheveux gris
Premiers émois. Je me souviens de ta peau claire
De tes lèvres musquées tartinées de soleil
Je t'attendais, assis sur le vieux banc de pierre
Peignant à l'horizon ta robe en aquarelle
De trois ans tu étais mon aînée. Tu n'avais
Peur de rien. Muet, j'écoutais battre tes cils
Immenses en crayonnant sur le bout de ton nez
Des paillettes de son aux accents juvéniles.
Je veux te caresser les joues
Du revers de mes doigts flous
Sentir ta mâchoire dure
Aspirer la commissure
De tes lèvres.
Je veux faire couler mon sel
Dans ta bouche, dans tes oreilles
Goûter ta salive et ta sueur
Compter tes tâches de rousseur
Je veux te mordre jusqu'aux os
Sucer la sève de ta peau
M'étouffer dans tes yeux clairs
Creuser ton dos crucifère
Je veux ramper dans tes viscères
Me rouler dans la lumière
De ton eau.
Tu seras belle comme une claque
Les dents de lait en éventail
Ton petit ventre à l'aventure
Tendre comme une égratignure
Les cheveux fous jusqu'à la taille
Impudente telle une entaille
Dans mon coeur ivre de ta chaire
Mon intransigeance en jachère
Tu seras pure comme la boue
Des libellules au creux des joues
De blancs mensonges au bord des yeux
Tu seras vraie comme un aveu.
A bras le coeur, le corps en vrac
Le sang tressé avec du spleen
La langue amer, les nerfs en sac
Entre mes vers ton eau qui bruine
Ne pas penser
Au clair de verre du rouge acide
Tes mots, miroir de sel qui mure
Mon être entre tes dents, le vide
Poussière de fer au blanc murmure
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Au sourire cru de mes nuits grises
Ta voix qui vrille comme un enfant
Ravi. Ta voix comme une ride
Lézarde l’or de mon front blanc
Orgie de sucre triste, rage de gras cuisant
Besoin de me remplir, de me gaver de bouffe
Fureur irrésistible, irrépressible élan
De combler la béance jusqu’à ce que j’étouffe
J’ai faim. Faim de douceur, de caresses, de violence
De chocolat amer pour oublier l’absence
Pour crever la balafre repliée en son centre
De ce putain d’cordon qui étrangle mon ventre
Débauche de sucre sale, excès de gras pleuré
Sentir son ventre plein, son âme morcelée
Flanquer dans ses entrailles la bouillie putréfiée
Du néant maladif qui suinte entre les plaies
Je veux. Des os qui craquent, des lèvres épaisses
Tes yeux bleu trouble et tes mains rêches
Ta peau salée, ton rire de gosse, tes dents cassées
De la candeur sperme arrosée. Je t’aimerai.
Particules de néant qui l’aspirent en spirale
Silence assourdissant éclaboussures de bave
Blême dans ses draps blancs
Elle sonde sa douleur dans les plis de son âme
Un creuset en métal dégueule sa chair malade
Mascara séché triste elle transpire le vin
Qui martèle ses tempes en un fracas de rien
Vision de bois crevé
Le cheval à bascule l’oeil pétillant de vice
Lui vomit son enfance en gerbes de tulipes
